Lettre aux adhérents # 13

Novembre 2006

Chers amis,

Cette année j’ai de la chance, je suis de retour en France pour Noël. Les colombiens travaillent bien et je leur laisse de plus en plus l’association. Octavio et Edilberto sont les deux mains fortes de Caminos de Esperanza depuis juillet, ils vont donc vous expliquer tout le travail qui a été fait depuis.

Nous attendons de nouveaux bénévoles pour début janvier, ils partageront leurs aventures avec vous dans le prochain épisode.

Stéphanie

La note d'Octavio, entraîneur et responsable des activités

Depuis le mois de juin et encore maintenant l'Association participe au tournoi municipal de football. C'est la troisième année. Les matchs ont lieu les samedis, dimanches et jours fériés sur tous les terrains de la ville. Nous avons plus de soixante enfants (dont quelques filles qui se débrouillent très bien au milieu des coups de pieds!) répartis en trois catégories : 10, 12 14 avec des enfants de 7 à 14 ans.

La catégorie 14 a malheureusement été éliminée après 5 matchs gagnés haut la main. Un garçon de l'équipe a réussit à nous faire passer de faux papiers certifiant qu'il avait bien 14 ans. Avec Stéphanie nous n'avons pas examiné en détail les documents et nous avons donc remis les papiers au bureau des sports pour nos inscriptions avant le début des matchs. Un entraîneur un peu mauvais joueur et peut être très vexé d'avoir perdu contre nos enfants de l'Arenal a donc décidé de tout vérifier. Il a donc découvert que notre cher "Esparza" n'avait pas 14 mais 15 ans! En tant qu'entraîneur j'ai été immédiatement convoqué. Je pouvais perdre mon travail, toute l'équipe de Caminos devait partir du tournoi, je n'avais plus le droit des les entraîner pendant 5 ans et notre jeune ami risquait la prison pour mineur avec faux papiers.

Stéphanie bien sur était furieuse, mais pas contre nous!
 

Ce championnat représente beaucoup d’efforts de toute l’année et beaucoup d’espérance! Nos enfants s’entraînent toutes les semaines, en France vous nous aider à obtenir les uniformes et nous payons les inscriptions. Stéphanie obtient un nouveau rendez vous avec les responsables. Elle est française et responsable de l’association donc ils devraient être plus cool. Elle explique tout notre travail auprès des enfants depuis 6 ans, leur évolution, excuse Esparza qui ne voulait faire de mal à personne mais juste pouvoir jouer ! Nous ne jouons pas pour gagner mais pour apprendre, pour partager en équipe, pour améliorer une éducation de la rue, pour partager des moments forts avec ces enfants qui ont besoin qu’ont s’intéressent à eux. Ils ont bien compris et ce sont même excusés ! comment éliminer 60 enfants qui méritaient vraiment d’être sur les terrains.

Conclusion, je peux évidemment continuer à entraîner les enfants, Esparza jouera avec des jeunes de son âge l’année prochaine, l’équipe 14 ne peux plus jouer mais je leur organisent des tournois avec d’autres équipes, l’équipe 10 à joué 22 matchs. Ils commencent tout juste le foot et ont donné le meilleur d’eux.

Quelques joueurs de l'équipe de Caminos de Esperanza

Suite avec Stéphanie

Enfin nous connaissons le Père de Roux, une personnalité de Colombie qui réalisent un travail de développement très important en Colombie et en particulier dans notre région du Magdalena Medio. C’est une personne très simple malgré son importance, avec un grand cœur et qui n’a pas peur de dire et faire les choses. Il est arrivé un peu par hasard un jour dans la maison d’accueil, et a été surpris de notre travail. Il admire le dévouement des français d’avoir tout laissé pour venir s’occuper de petits colombiens et surtout de vivre au milieu d’un barrio où peu osent s’aventurer.

Et c’est bien cela qui lui plait, nous ne travaillons pas devant notre ordinateur (enfin si, parfois) et vivons la réalité.
Peut être qu’on ne se fait pas autant respecter que ceux qui se baladent en voiture blindée parce qu’on n’est pas aussi riche qu’eux mais notre expérience reste unique.
Notre groupe de danse a donc été plusieurs fois choisi pour participer à des rencontres culturelles avec l’équipe du père de Roux.

Nous invitons des groupes culturels et ONG comme ACNUR des nations unies, AJBM (association de jeunes pour la danse moderne), Université de la Paz, conteurs, jongleurs, peintres, sculpteurs qui

montrent leurs talents toute la soirée. Nous projetons le diaporama de l’association à plus de 300 spectateurs invités dont la radio, la télévision et la presse. Si l’objectif était de faire connaître l’association il est réussi. Tous les organisateurs terminent à l’aube bien fatigués ! Nous ne leur en voulons donc pas pour ces quelques disputes de stress de dernière minute : « c’est moi qui fais tout…, tu n’as toujours pas fait ça…, on n’a qu’à annuler » etc. etc. Cela a quand même été un bon travail de groupe.

de pilules, nous voulons qu’elles se valorisent, qu’elles comprennent l’importance de l’amour, qu’elles respectent leur corps et ne se laissent pas manipuler. La fidélité et le respect resteront toujours beaucoup mieux qu’un préservatif. Nous laissons le mauvais rôle aux médecins qui sauront juger si elles ont besoin de plus par nécessité. Mais non, nous ne sommes pas complètement butés !

Les enfants parrainés étant de plus en plus nombreux, le travail devient de plus en plus difficile. Nous avons donc décidé de partager cette tâche avec les jeunes que vous aidez pour l’université. Chaque jeune se fait responsable des enfants qu’il choisit et il doit s’occuper d’eux pendant toute l’année. Par exemple il nous prévient si l’un d’entre eux ne va plus à l’école, si il fait bien ses devoirs, si cela se passe bien chez lui et il doit aussi rassembler le courrier et les bulletins pour les parrains. Ils réalisent enfin que ce n’est pas facile : les enfants oublient d’écrire leur lettre, les écoles ne donnent pas les bulletins, les mamans perdent tout, il faut revenir 5 fois pour trouver la personne qu’on cherche etc. etc. Certains jeunes se contentent de recevoir leur semestre pour l’université et ne font presque rien pour l’association. Vous devez savoir que les jeunes reçoivent en moyenne 300 euros par an pour leurs études. En contrepartie ils doivent donner 3 heures de leur temps par semaine pour les enfants de leur quartier. Nous avons pris la décision, si vous êtes d’accord, de privilégier ceux qui veulent 

vraiment travailler pour l’amélioration de la qualité de vie des enfants et de savoir donner de leur temps libre. Les autres, ceux que nous rappelons à l’ordre en permanence et qui ne pensent qu’à eux, ne méritent pas vraiment de continuer à recevoir une aide si généreuse. Ce n’est jamais facile de prendre ce genre de décision mais il faut être juste avec ceux qui travaillent et qui donnent le meilleur d’eux mêmes.

Au mois de juin dernier, nous avons pu conclure nos cours de catéchisme avec le baptême de 10 enfants. Pendant plusieurs semaines, les enfants en âge de comprendre avec leurs parents et leurs parrains venaient à la maison d’accueil se préparer pour recevoir le premier sacrement. Moments de partage ou chacun a pu se remettre en question sur sa vie de chrétien et sur l’exemple que nous donnons ou devons donner aux autres et les efforts ou changements que nous serions prêts à faire pour devenir de vrais enfants de Dieu et donner l’envie aux autres de connaître notre religion.

Pendant les jours fériés et les quelques jours de vacances, les enfants attendent avec impatience les nouvelles activités que nous leur préparons. Parfois même c’est eux qui choisissent. Leur préférée, c’est bien évidemment la chasse au trésor, ils doivent résoudre des énigmes dans le barrio tout en faisant travailler leur intelligence et arriver les premiers avec leur équipe au trésor de rêve. Leur cadeau, bien sûr, ils le partagent un peu avec les autres. Et d’eux mêmes ils apprennent à être solidaires, à partager, à s’écouter.
Il y a eu aussi « question pour des champions », ils ne gagnent pas des millions d’euros ou de pesos, mais juste un bon goûter et quelques jouets, mais c’est presque pareil ! Le 7 octobre nous voilà avec Estelle, une ancienne bénévole de visite, en course en sac avec les enfants. Je vous avoue qu’on a failli s’évanouir et on a vite abandonné notre équipe qui continuait leur concours sportif sans démontrer la moindre fatigue.
Bref je préfère un peu les concours de dessin, même si les enfants trouvent que je dessine très mal, au moins ce n’est pas fatiguant !

Le concours de dessin, activité moins fatigante pour les
organisateurs qui trouvent alors le temps de se reposer un peu

l’environnement de l’université « La Paz » ont commencé un projet éducatif avec 25 enfants de l’association. Ils leur apprennent l’importance du respect de l’environnement, comment prendre soin des plantes, recycler, utiliser l’eau et garder propre l’endroit où ils habitent tout en leur enseignant le respect et la tolérance.

La note d'Edilberto, responsable de la partie administrative et du dispensaire

Je suis dentiste mais j’ai aussi été secrétaire de santé à Barrancabermeja. Ensuite pendant plusieurs années j’ai travaillé comme gérant de cliniques et hôpitaux dans différentes régions de Colombie. Ma femme et moi aimons beaucoup l’association Caminos de Esperanza et nous voulons nous aussi nous battre pour une cause juste.
J’ai mis en place avec Stéphanie tous les statuts du dispensaire et de l’association. Nous les avons inscrits à la Chambre de Commerce pour qu’ils soient constitués comme une société anonyme, mais à caractère social et sans but lucratif. Le dispensaire fait partie intégrante de l’association.

Nous attendons le permis du secrétariat de santé départemental et leur visite dans notre dispensaire pour des éventuelles normes nouvelles. Il faut être patient car cela fait plusieurs mois que nous attendons.
Je suis en relation avec le responsable de l’évaluation des projets du bureau de la « gobernacion » de la région Santander (équivalent du Conseil Régional, je pense). C’est lui qui accepte de recevoir ou non un projet pour la « gobernacion ».

A Bucaramanga, j’ai eu aussi une réunion avec la directrice des programmes d’aide de la Présidence de la République, pour lui faire connaître l’association Caminos de Esperanza. Elle peut présenter nos projets aux organismes de coopération nationale et internationale.
Il y a quelques jours, nous avons eu la visite dans la maison d’accueil et le dispensaire de Madame Damaris Rios, de Action Sociale, programme de la Présidence de la République. Elle est chargée des dons pour les associations sans but lucratif et c’est elle qui certifiera que notre association est une entité apte et prête à recevoir des dons de l’état et d’ONG.

En ce moment j’élabore différents projets qui seront présentés à la « Gobernacion » de Santander afin que nous recevions des contrats pour les réaliser. Grâce à ces contrats nous pourrons travailler avec des professionnels (médecins, spécialistes, infirmiers etc.) et réinvestir le surplus des contrats pour nos activités de l’association.

Notre dispensaire pourra aussi proposer des services de santé, comme visites médicales, premiers soins d’infirmerie, vaccins et tout ce qui ne concerne pas les urgences, les opérations ou les soins et les traitements délicats. Il sera ouvert à tout le monde mais gratuit ou très peu cher pour les personnes des quartiers défavorisés.
N’ayant pas encore reçu la permission du Secrétariat de Santé régional, nous ouvrons le dispensaire pour y réaliser des campagnes de santé financées pour le moment par Caminos de Esperanza.

Merci à tous de votre soutien et à bientôt dans un prochain courrier.

Edilberto Sarmienta.

Décembre est là et avec lui beaucoup de choses à faire. Préparation des lettres aux parrains, lettre aux adhérents, grandes vacances des enfants et préparation de Noël. C’est le mois le plus magique des enfants et nous voulons qu’ils soient heureux. Mais le plus important reste la neuvaine de préparation à la naissance de notre Sauveur. La maison d’accueil sera remplie de petites têtes tous les jours des vacances, avides de jeux et d’attention. Mais tout ça je le garde pour le prochain épisode.

MUCHAS GRACIAS Y HASTA PRONTO

 

Nous vous souhaitons un très joyeux Noël et une bonne et sainte année 2007, merci à tous les généreux donateurs, à ceux qui prient pour que cette œuvre grandisse dans le bien et aussi à tous ceux qui nous apportent leur aide.

Stéphanie