Lettre aux adhérents # 8

Juin 2004

Bonjour à tous,

Il est grand temps que je vous donne des nouvelles. Les journées passent vraiment très très vite parmi tous nos amis colombiens.

Stéphanie

Les français se déplacent jusqu’ici !

Cette année, nous avons eu la visite d’Alexis et Amélie qui désiraient « voir » sur place ce qui se passait ici et en même temps nous aider.
Parlant tous les deux espagnol et aimant beaucoup les enfants, ils n’ont eu aucun mal à s’intégrer dans le « barrio ». Leur aide a été précieuse surtout au niveau du travail scolaire à la maison et m’a permis de mieux gérer certains autres problèmes, avoir plus de temps pour certaines familles... Merci à tous les deux pour ces 2 mois !

Puis arrivée d’Alix et Olivier presque en même temps.
Alix souhaite monter un film à destination du public, elle est donc venue en repérage sur les lieux avant son retour avec l’équipe (cadreur, pigiste...) qui se constitue et qu’elle arrive à bien motiver.
Alix, par contre ayant le handicap de la langue, a dû faire de gros progrès pendant son mois de présence sur place pour pouvoir ensuite comprendre et s’intégrer dans la vie des familles et des enfants. Elle est repartie enchantée et gonflée à bloc.
De retour en France elle travaille beaucoup sur ce projet. Si vous pouvez l’aider, demandez ses coordonnées à Courteuil (ref : adresse du siège)

Olivier, lui, est venu pendant 10 jours faire un reportage photos à destination du public aussi, via les journaux
(si possible, les plus en vue). Il a déjà des contacts, mais ne sera pas indifférent à une aide de votre part si vous le pouvez.

Anne Sophie, arrivée un peu plus tard est restée une petite semaine ; dans le même ordre d’idées, elle compte faire paraître un article dans certains journaux.

éducation

La rentrée scolaire de 2004 s’est déroulée sans problème :

• 78 enfants en primaire-collège-lycée,
• 20 jeunes à l’université.

Merci à tous ceux qui ont accepté de renouveler leur soutien et aux nouveaux qui se sont lancés dans l’aventure.
Ici, ils sont fiers de savoir que des parrains étrangers et lointains se soucient d’eux et de leur avenir. A mon retour en France début juillet, je vous donnerai les bulletins de vos filleuls.

Avril 2004, travail scolaire avec les jeunes
Après le départ de tous les français, je me suis retrouvée de nouveau seule avec ma fille Philippine de 14 mois pour aider les enfants à faire leur devoirs tous les après midi. Parfois c’est difficile car il y a une vingtaine d’enfants qui arrivent en même temps, avec tous, des devoirs différents, et Philippine qui veut courir partout!
 

Alors j’ai décidé de réunir les 20 étudiants. Ils ont tous passé leur Bac et sont tout à fait capables de m’aider pour les devoirs des petits. Chaque jour, à tour de rôle, 3 jeunes viennent donc s’occuper des enfants et tous les week-ends nous travaillons plus particulièrement avec ceux qui ne savent toujours pas lire ni écrire. Cela me laisse, pendant la semaine, plus de temps pour aller voir les familles, faire plus d’activités avec chacun etc.

Santé

Début mars, nous avons fait une campagne de prévention cancer chez les femmes.

3 journées d’information ont été organisées à la maison d’accueil avec support vidéo, petites conférences données par des infirmières, et frottis gratuits pour toutes les femmes du quartier.

C’est important de les sensibiliser

Mort de Mayo

Je suis sûre que vous connaissiez tous Maryoris dont je parlais dans toutes mes lettres et que je connaissais depuis si longtemps. Elle avait l’habitude de me raconter tous ses petits secrets et nous avions ensemble une connivence de sœurs. Nous suivions son traitement pour la leucémie depuis 1 ans et deux mois ; le 12 mai, Dieu a mis fin à ses souffrances. C’est une épreuve très difficile pour sa famille et ses amis, car elle n’avait que 16 ans, elle était intelligente, mignonne et elle nous manque énormément, mais nous savons tous qu’elle veille sur nous et qu’elle méritait bien une vie meilleure.
Maryoris est décédée à l’hôpital de Bucaramanga ; pour une famille pauvre dans des moments aussi difficiles, il faut parfois songer à vendre sa maison ou un bout de son jardin car le rapatriement du corps, le cimetière etc. coûtent un prix fou !
L’école où étudiait Mayo, tous les gens du quartier et Caminos de Esperanza ont réussi à récolter tous les fonds nécessaires pour le rapatriement de son corps et son enterrement, et croyez-moi, c’est toujours les personnes les plus pauvres les plus généreuses.

Maryoris à gauche pendant la chimio

Activités

Mi-février, nous avons organisé une sortie piscine pour les 20 jeunes qui ont la chance, grâce à vous, d’aller étudier en université : sorte de journée d’intégration.

Nous voulions qu’ils se connaissent dans une ambiance de détente et de partage après quoi nous les avons tous réunis pour qu’ils expliquent, chacun leur tour, pourquoi il est important de continuer à étudier après le Bac, pourquoi ils ont choisi telle ou telle matière et que peuvent-ils apporter à leur pays, à leur famille, à leur quartier ...

Grande fête à la maison d'accueil

Début mars aussi, pendant le séjour d’Amélie, Alexis, Olivier et Alix, nous avons organisé un grand goûter pour 150 enfants avec concours de danse en couple et de Champeta (danse typique de la côte Colombienne)
Ces occasions de fêtes et de joie sont importantes pour lier les jeunes et les enfants entre eux, leur faire oublier un moment, la violence et la pauvreté.
Pendant le séjour des français, grande sortie piscine également qui fait la joie des petits et des grands.
L’état de la piscine ensuite est assez déplorable mais le responsable est relativement tolérant avec nous

Début d’un championnat de foot

Le club Caminos de Esperanza participe depuis le 15 mai à un mini tournoi de foot avec d’autres équipes de la ville. Il y a maintenant 4 catégories, la sub 10, la sub 12, la sub 14 et la sub 16, les enfants sont ravis bien sûr.

Mais moi, je dois assister à tous les matchs, avec Philippine évidemment, et... je n’ai plus une heure de repos. Mais ils sont si heureux !

Fête des mères en Colombie

Nous avons organisé la fête de 30 mères célibataires du quartier. Nous avons fait plusieurs activités et concours avec elles et je dois dire que nous nous sommes bien amusées. J’avais pu obtenir un petit cadeau pour chacune d’elles, ce qui n’a pas été une tâche très facile car il faut s’y prendre au moins une semaine à l’avance, écrire des lettres à déposer dans tous les magasins, revenir quand ils le disent et faire parfois des kilomètres juste pour un objet sans intérêt. Je pense que Caminos de Esperanza ne doit pas dépenser d’argent pour des cadeaux de fête des mères mais je trouvais important de pouvoir leur offrir une bonne soirée qu’elles méritent bien grâce à la générosité des commerçants.

Ventes artisanales par les femmes

Depuis quelques mois, j’ai organisé des ventes de produits confectionnés par des femmes du barrio qui veulent essayer de s’en sortir.
Elles fabriquent à la maison d’accueil, des « tamales », qu’elles vendent devant la maison, aux passants. Les tamales sont fabriqués à partir de riz, légumes et poulet, cuit pendant 7 heures dans de grandes feuilles de bananier, le résultat est délicieux.
La première fois, je leur ai avancé les fonds pour qu’elles achètent les

ingrédients, puis les économies réalisées avec la vente permettent de mettre de côté de quoi acheter les ingrédients pour la fois suivante et le reste est partagé entre elles pour acheter de quoi habiller leurs enfants ou participer aux fournitures scolaires ou tout autre achat indispensable.
Je ne peux malheureusement pas les laisser faire ces ventes seules, car cela se termine en pugilat, vols, disputes... J’assiste donc à la préparation et à la vente, pour veiller à son bon déroulement

Actualité

Inondations

La saison des pluies, certains l’apprécient car il fait un peu moins chaud, d’autres la craignent car l’eau monte chez eux.
En quelques jours le fleuve a débordé et beaucoup de familles du quartier vivent, montées sur des planches dans leur petite baraque. C’est vrai qu’ils n’ont pas grand chose à perdre dans les inondations mais les enfants, ravis d’avoir une piscine chez eux, attrapent vite des infections dues à la saleté de l’eau qui empeste, en plus.
Selon l’avis des colombiens, le fleuve ne devrait pas monter plus haut ; chez nous dans la maison d ‘accueil nous garderons de toutes façons les pieds au sec, la maison a été construite pour cela !
Cela nous permettrait éventuellement d’accueillir les familles dont la baraque est emportée par le courant, comme cela s’est déjà produit. Nous pouvons ainsi continuer nos activités.

Projets

Projet d’aide de l’ONU

J’ai rencontré il y a 15 jours une française (la seule de Barranca avec moi), responsable de l’organisation ACNUR des Nations Unies. Elle était très intéressée de pouvoir travailler avec une personne qui est toujours sur le terrain. Elle est actuellement en France mais nous nous réunirons fin juin pour lui présenter les actions de Caminos de Esperanza et nos nouveaux projets.

Nouveaux projets à l’étude

En début d’année, je suis allée voir le Père (de la paroisse de Barranca) qui avait racheté l’ancienne maison du Point Cœur. (bâtiment rose et bleu sur la photo ci contre)
Je lui ai demandé si on pouvait le reconstruire pour en faire un dispensaire.En fait le Père m’a dit que la petite baraque d’à côté appartenait aussi à la Paroisse.

Il propose plutôt la reconstruction du Point Cœur en chapelle (avec séparation pour une utilisation peut-être en garderie également) et à l’emplacement de la petite maison faire un dispensaire au rez-de-chaussée et une cantine à l’étage pour les enfants dénutris ; l’ensemble formerait un centre pastoral.
Ce qui est bien c’est que ce centre est juste en face de la maison Caminos de Esperanza.

Le dispensaire fonctionnerait avec des entreprises de santé subventionnées par l’état et pourrait accueillir jusqu’à 10 000 personnes.
Les architectes ont déjà proposé des plans, un budget...

Si vous connaissez des personnes ou des entreprises susceptibles de nous aider à trouver les fonds, n’oubliez pas de leur signaler que l’association est reconnue d’intérêt général et qu’ils peuvent donc bénéficier de l’avantage fiscal.

Chez vous, en France, j’espère que vous allez bien, surtout en cette période d’examens. Bon courage à ceux qui en passent.

Merci à tous de votre soutien constant, de votre Espérance, n’oubliez pas de prier pour nous, nous en avons bien besoin et à bientôt.
Que Dios les bendiga

Stéphanie