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Lettre aux adhérents #
6
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Avril 2003
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Chers amis,
Avec Eladio nous
avons la joie de vous annoncer la naissance de Philippine qui a
déjà un mois et demi et nous comble de bonheur. “Gracias a Dios”
elle va très bien, ne manque de rien, et est très sage pendant la
journée!... Elle n’est pas égoïste et sait que son papa et sa
maman s’occupent aussi d’autres enfants, l’avantage c’est que je
n’ai pas à la confier à une nounou, je l’emmène partout avec moi
et nous sommes très contentes toutes les deux.
Nolwen, ma
cousine de 24 ans est arrivée au bon moment, juste avant mon
accouchement, c’était rassurant d’avoir une personne de ma famille
pour un tel évènement. Elle m’aide donc à la maison et a pris le
relais dans la maison d’accueil, car à cause de la césarienne,
j’ai été obligée de me reposer un peu plus. Elle consacre tous les
jours un bon moment pour faire faire les devoirs des enfants,
jouer avec eux et me tient au courant des petits problèmes des
familles et des nouvelles.
Depuis cette
semaine je recommence vraiment à “travailler”, cela m’a beaucoup
manqué, mais ma fille était tout de même prioritaire.
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Le foot
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Eladio, mon fiancé, a monté depuis le mois de
novembre, un club de football dans le quartier avec 60 enfants. Cela
lui demande beaucoup de travail mais il prend cela très à coeur, les
enfants sont ravis et son club est déjà très connu à
Barrancabermeja.
Nous avons débuté de zéro avec eux, ils sont arrivés quasiment pieds
nus et torse nu pour jouer, et grâce à l’aide des jeunes de l’école
Notre Dame du Sacré Coeur, à Senlis, nous leur achetons petit à
petit leurs uniformes: chaussures à crampons, chaussettes,
protège-tibias, short et chemise “Caminos de Esperanza” et tout le
matériel nécessaire à leur entraînement: ballons, cônes etc.
Certains rêvent d’aller jouer un jour en France, ils s’entraînent
donc comme des fous.
Le petit “plus” de notre club de foot, ce sont les
valeurs que nous essayons de leur enseigner. Tous les enfants qui
font partit du club doivent étudier, et avec l’aide des parents nous
surveillons qu’ils n’aient pas de retard, nous leur apprenons à se
respecter, à bien parler et nous souhaitons que les gens de la ville
aient une autre image de ces enfants qu’ils considèrent souvent
comme des voleurs mal élevés et sales!
Le mois prochain, ils commenceront leur premier tournoi avec les
équipes de la ville. Eladio dit qu’ils n’ont pas encore suffisamment
d’entraînement pour pouvoir gagner car les autres clubs ont déjà |
des années de formation, mais les enfants ont compris
que c’est un jeu et que c’est en participant qu’on s’améliore. Eladio les fait jouer de temps en temps contre d’autres équipes,
nous partons en général à 30 dans la camionnette, les enfants sont
fiers, unis et jouent de tout leur coeur.
Plusieurs personnes nous ont fait la remarque que
c’était un peu tout pour les garçons et rien pour les filles. Nous y
avons pensé et c’est vrai qu’elles étaient déçues qu’on s’occupe
moins d’elles. Les soeurs et les amies participent aux matchs de
foot en motivant les garçons mais nous allons aussi les mettre un
peu au sport. J’avais pensé jouer au volley avec elles, nous avons
un petit terrain dans le quartier et nous n’avons qu’à acheter un
filet et deux ballons; et puis c’est un sport qui leur plaît à
toutes. Je ferai jouer Nolwen avec elles au début: embêtante cette
césarienne qui ne me laisse pas faire ce que je veux!
Nous allons aussi organiser une sortie avec tout
notre petit club et les filles, on appelle ça une sortie
d’intégration même s’ ils se connaissent déjà tous! Nous allons voir
si l’armée, une fois de plus, peut nous aider pour le transport et
la surveillance de tous ces petits anges... |
La rentrée
des classes
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Elle s’est très bien passée pour tout le monde, tous
les enfants qui sont venus récupérer leur retard à la maison au mois
de décembre et janvier ont réussi; plusieurs se sont même fait
féliciter par leur professeur; c’est une grande satisfaction pour
nous, et cela nous encourage à continuer. La
mauvaise nouvelle c’est qu’une fois de plus, les directeurs des
écoles ont décidé après la rentrée des classes de changer les
uniformes et de demander d’acheter des livres, ce qui n’était pas
prévu dans notre budget. Il faut donc changer les uniformes que
j’avais achetés l’année dernière!
J’ai pu obtenir pas mal de fournitures scolaires par la Chambre de
Commerce et par quelques librairies et j’ai demandé aux familles
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qu’elles fassent un effort pour obtenir les deux ou
trois livres obligatoires pour leurs enfants.
Au mois de mai, trois jeunes rentreront à
l’Université: Helbert, Clara et Heidi pour ceux qui les connaissent
et deux jeunes filles Elizabeth et Carmen Rosa sont bientôt prêtes à
être de super profs!
J’ai encore le temps avant mai d’en motiver d’autres et ceux qui
réussissent, montrent l’exemple et ceux qui hésitent se rendent
compte qu’on peut trouver du travail plus facilement avec un petit
“bagage” d’études, que ce travail sera plus intéressant et qu’on
pourra aider ensuite sa famille! |
Au point de
vue médical
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Je vais vous raconter deux petites anecdotes qui
prouvent que les familles ne se rendent souvent pas compte du danger
que courent parfois leurs enfants et qui montrent leur ignorance.
Enceinte de presque neuf mois et un peu fatiguée, je
n’avais pas trop le courage de sortir mais je décide finalement
d’aller présenter une famille à Nolwen, l’un des enfants étant mon
filleul. J’arrive chez eux et je remarque qu’un enfant reste caché
derrière sa mère. Je demande à la maman, Victoria, ce qui lui arrive
et elle me répond “il est tombé mais je lui ai mis un peu d’eau sur
la tête et ça va mieux. Orlando, 5 ans, était complètement défiguré
et enflé. J’explique à Victoria que la tête c’est toujours plus
dangereux que le reste du corps et qu’il faut qu’elle l’emmène
d’urgence à l’hôpital.
Deux heures après, je repasse devant sa maison et je la vois
toujours là. Elle n’a pas d’argent, son mari apparemment s’en fiche,
et elle n’a aucun carnet de santé pour son fils. Je prends Orlando,
oblige la mère à venir avec Nolwen et moi en taxi à l’hôpital. Là,
on ne veut pas me laisser entrer, mais je savais que Victoria ne
comprendrait rien ni ne saurait expliquer ce qui était arrivé à son
fils. A ce moment-là, je dis que je suis française, alors on me
déroule le tapis rouge, on nous fait passer en premier aux urgences
et nous avons droit à deux médecins!
Ceux-ci annoncent à Victoria que si nous avions amené Orlando à
l’hôpital plus tard, il serait mort ! Il souffrait d’un traumatisme
crânien avec risque de devenir aveugle et sourd.
Dieu sait ce qu’Il fait et c’est pour cela qu’il nous a amené chez |
Victoria ce jour-là! Aujourd’hui, après une
hospitalisation intense, Orlando va très bien et n’a même pas de
cicatrice. Maryoris, 15 ans, arrive un jour
à la maison avec sa maman et sa soeur. Elle a beaucoup maigri et est
très jaune. Elle est déjà allée chez le médecin grâce à une aide de
la paroisse, il lui a juste dit qu’elle avait de l’anémie et lui
avait prescrit des vitamines.
15 jours après elle ne va toujours pas mieux, alors je pense
vraiment que depuis le début il aurait fallu lui faire faire une
prise de sang.
Je l’envoie donc chez un ami médecin qui s’occupe des analyses
nécessaires. Après les résultats, elle est envoyée directement aux
urgences et le lendemain les médecins la transfèrent dans un autre
hôpital à deux heures de Barrancabermeja.
Toute la famille m’a remerciée de les avoir aidés pour les analyses
car les médecins leur ont dit qu’un jour de plus et Maryoris
n’aurait pas survécu.
En une semaine, on nous a dit qu’elle avait d’abord une leucémie,
puis une hépatite et pour finir elle a une dengue hémorragique avec
des plaquettes très basses et beaucoup d’anémie. Ils l’ont
transfusée 5 fois et elle restera encore quelques jours à l’hôpital
mais nous sommes très rassurés que ces imbéciles de médecins n’aient
pas eu raison aux premiers résultats. |
Les
parrainages
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Je profite aussi de cette lettre pour rappeler à
plusieurs parrains d’enfants scolarisés qu’il serait temps de
renouveler vos dons pour l’année scolaire qui a déjà commencé depuis
février. C’est très gênant |
de devoir vous rappeler pour vous demander de
l’argent… alors ceux qui sont concernés, s’il vous plaît,
faites-nous savoir si vous souhaitez continuer le parrainage ou si
vous ne pouvez plus. |
Encore merci à
tous pour votre soutien et votre générosité.
Nolwen, Eladio,
Philippine et Stéphanie seront de retour en France début Juin et
nous serons heureux de partager avec vous tous, la petite
aventure « Caminos de Esperanza ».
A très bientôt.
Stéphanie
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